À la mémoire des pierres obscures
Christophe Frionnet
Jérémie Favreau, piano

Concert festif *

Qu’est-ce qu’une Sonate ? Sonare, sonner. Un morceau qui sonne à l’instrument. Mais pas forcément dans une « forme sonate » telle qu’elle a régné durant les XVIIIe et XIXe siècles. Ici nous avons affaire à une forme éclatée : 77 fragments se succèdent en construisant une forme globale faite de répétitions variées ou non, de souvenirs, de réminiscences, de questions et de réponses parfois éloignées dans le temps, de surprises enfin qui renouvellent le discours. Une œuvre méditative, à écouter en état de recueillement ; un kaléidoscope de fragments plus ou moins longs qui fait oublier au corps de l’auditeur son attache au réel, immergé qu’il est dans le temps des idées musicales. On a le droit de fermer les yeux. À moins que, comme le suggère Stravinsky, garder les yeux ouverts sur le vide ne permette de suivre et distinguer mieux la forme de chaque fragment, et ce jusqu’au dernier qui clôt la forme globale et la narration explosée. Cette œuvre ésotérique, écrite en 2017, se présente donc comme un travail sur la mémoire : mémoire nécessaire de l’auditeur, à mi-chemin entre la concentration extrême et l’écoute flottante ; mais aussi celle du compositeur qui signe là un résumé de son parcours d’explorateur du son.


Christophe Frionnet (1968-), Sonate, op.60
« à la mémoire des pierres obscures » (création)
Jérémie Favreau, piano